Les Gros patinent bien

Au centre de la scène, un imposant acteur shakespearien raconte, dans un anglais non répertorié, l’incroyable épopée à travers l’Europe et les siècles d’un homme frappé, au début de l’histoire, par la malédiction d’une sirène qu’il avait pêchée par mégarde au bord d’un fjord. Ce conteur immobile et par trop replet fait le tour du monde grâce à son complice qui, aussi malingre qu’agité, fait défiler en fond les décors barbouillés de ce voyage initiatique bien que profondément absurde. En guise de décors et pour tout matériel scénique, des cartons portant des inscriptions au feutre noir : initialement dédié aux répétitions, ces accessoires d’une simplicité sommaire sont devenus le cœur symbolique de ce cabaret loufoque et déjanté à souhait. 

Dans un contraste savoureux entre l’acteur immobile mais voyageur et le préposé aux décors désespérément survolté, Olivier Martin-Salvan et Pierre Guillois nous offrent un duo virtuose de clowns dans ce cabaret de cartons.