Dédale

Dans les méandres de souterrains labyrinthiques, baignés de fumée épaisse, là où règnent les croyances archaïques et les cauchemars modernes, là où les espaces se délitent dans des détours tentaculaires et se confondent sans fin, rôde une créature grossière, féroce, qui prend en chasse les âmes qui s’y perdent.

Dans une torpeur moite, face à l’évidente réalité de cet inextricable labyrinthe, traversant pièce après pièce l’enfer duveteux de son marécage, un homme fuit en hâte la créature sauvage qui le poursuit. Tel un voyage initiatique, il va se perdre dans ces détroits embrumés et rencontrer au hasard bouffons et crapules qui le mèneront au bout de sa quête.

Après Nébuleuse, Les Petites filles et Ça occupe l’âme, cette nouvelle fable de Marion Pellissier, inspirée des mythes de Dédale et d’Icare, continue d’interroger la destinée de ces êtres condamnés à chercher l’issue d’un espace qui n’en a pas.

Démultipliant les points de vue en mêlant habilement la force du jeu sur scène à une dramaturgie très élaborée des images filmées, Dédale se joue sans cesse des frontières entre rêve et réalité. Dans cette traque haletante entre fable métaphysique et thriller noir, point de vérité absolue. Mais cette question posée à tous : confronté au doute et à l’épuisement du combat, faut-il, pour survivre, se laisser dévorer ou ne pas s’arrêter de courir ?